Cette nouvelle a été écrite dans le cadre du concours de nouvelle organisé par Brodybooks. Puisque toutes les notes ont été données, on a enfin le droit de la partager. Je la partage donc au cas où ça intéresserait quelqu'un de la lire.
Vous savez, sur terre, il arrive toujours un moment où votre vie bascule vers le fonds de l’abysse que creuse le désespoir. C’est ce que nous vivons en ce moment, mes compagnons d’infortune et moi-même.
Nous sommes en ce moment même serrés les uns contre les autres dans un espace confiné. Secoués par les impacts de bombes détruisant notre terre natale et par la peur de ne plus revoir nos proches restés là-haut.
Vous me demanderez ce qu’on fait dans cet espace confiné ? Ce sont nos parents, nos oncles, nos tantes ou nos grands-parents qui nous ont mis là dans l’espoir de nous voir survivre à l’hécatombe qui sévit dehors.
Leurs regards apeurés n’ont pas échappés au mien. Et je me les remémore tandis que je serre ma petite soeur contre moi pour tenter de la rassurer. Mais tout comme moi, elle sait que le spectacle qui nous attendra à la sortie de ce bunker ne sera que désolation et chaos. Et déjà, avant même de le voir, je sentais la haine creuser son nid au creux de mon ventre afin de s’installer confortablement pour une durée indéterminée.
Je ne saurais dire combien de temps, nous avons prié dans l’espoir que le calme revienne et avec lui, notre famille bien aimée. Je sais juste que le temps paru interminable tandis que les souvenirs m’assaillaient.
Nos rires d’enfants furent écrasés sous le pas des militaires s’installant sur nos terres, les souillant avec leur exécrable égocentrisme. Dès le premier jour de leur arrivée, nous avons su que cela ne présageait rien de bon pour nous et notre culture.
Nous sommes un peuple pacifique, même si notre physique peut sembler bien étrange pour ce peuple de la terre qui n’est pas habitué à ce qui sort de leur monde habituel. Mais je ne comprends pas la peur que nous suscitons chez eux.
Certes notre peau est verte, nos yeux plus grands que les leurs, nos cheveux sont emmêlés et nos origines sont reliées à la terre qui nous prodigue sa force afin de nous aider à surmonter la pollution qui encombre son coeur. Mais nous ne sommes pas dangereux. Nous avons bon nombre de ressources pouvant leur être utiles. Nous avons la faculté de guérir à l’aide de plantes sacrées les
maladies les plus destructrices, nous pouvons les aider à mieux appréhender la vie et à les guider pour vivre en harmonie avec la terre qui les a vus naître.
Au lieu de cela, le sang et les larmes de mon peuple nourrissent leur terre aride. Je ressens sa tristesse de voir une nouvelle preuve des tendances destructrices de ses protégés. Je la sens mourir de désespoir d’être ainsi traitée ainsi que la détresse et l’incompréhension des miens se mélangeant étroitement à ce tourbillon de sentiments négatifs. C’est comme si je le voyais tournoyer autour de nous, nous enveloppant et détruisant le peu d’espoir qui persistait à survivre en nous.
Pourtant quand nous avons estimé les êtres-humains suffisamment ouverts pour accepter notre réalité et que nous avons franchi le voile nous cachant à leur conscience, tout s'était bien passé.
D'abord abasourdis et suspicieux, ils ont fini par nous accueillir et par nous accepter parmi eux. A partir de ce moment-là, on nous appela les « Healer » : le peuple guérisseur.
Je n'ai pas connue cette période-là, puisqu'à ce moment-là, je germais dans le ventre de ma mère. Mais ma grand-mère m'expliquait avec beaucoup d'amertume, l'espoir que nous constituions et de sa contrepartie empoisonnée. Elle parlait avec un grand dégoût du mal que ces êtres avaient occasionné
à la nature qui, quant à elle, les protégeait et les nourrissait. Ils avaient créé des machines capables d'une grande aide mais crachant en retour un gaz polluant impropre aux poumons des êtres vivants. Des animaux que l'on torturait au nom du progrès et de la mode humaine. Elle me rapporta aussi les pauvres créatures disparues à cause de leur cupidité et de leur envie de pouvoir. Ces récits me
rendaient très triste et je me rappelle encore, quand à la fin, je me réfugiais au creux de ses bras pour cacher mes larmes.
En grandissant, je découvris vraiment l'horreur dans laquelle nous vivions, nous qui ne voulions qu'apporter notre aide et nos compétences.
Mais la haine qui, a présent, était ancrée au plus profond de mon être, a vraiment vu naissance quand ils emportèrent ma grand-mère dans un quelconque endroit mystérieux. Ils me l'ont enlevée comme si sa vie n'avait aucune importance, comme si elle n'avait pas d'être qui l'aimait sur qui compter. Je me rappelle des larmes impuissantes de mes parents et de la crainte de ce qu'ils allaient lui faire subir. Ce qu'il advenait de nos vieux sages ? Nous n'en savions rien, aucune information ne circulait sur leur sort.
Mais c'est là, que notre vie vira dans un cauchemar encore plus sombre et plus froid. On commença a nous malmener, a nous enfermer. Ils nous empoisonnaient avec leur nourriture polluée puisqu'alors nous ne pouvions plus cultiver pour nous nourrir.
Imaginez un peu, ce que nous ressentions, nous, êtres liés à la terre, nous qui avons donné notre générosité dans l'espoir de la sauver. Nous étions enchaînés sous des lois puériles et insensées qui nous dénonçaient comme des criminels si nous ne les respections pas.
Je voyais les plus jeunes souffrir du régime strict que l'on nous imposait et aucun sourire ou rire n'emplissait plus l'air ambiant. Les seuls moments où l'on nous permettait un peu de bonheur s'organisaient lors des différents solstices. Où nous devons alors nous ressourcer pour nous éviter une mort définitive. Car si nous avons la capacité de guérir, nous n'avons pas celle de nous régénérer seuls. Ces trêves étaient pour nous notre salut, un moyen de nous reposer pendant que nous dansions sous les étoiles, la pluie ou la neige.
Tout à mes pensées, je ne compris pas tout de suite que le calme était revenu autour de nous. Je revins donc à l'instant présent quand ma soeur me secoua violemment. Je la regardais d'abord avec incompréhension puis je me rendis compte que certains ne se trouvaient plus dans le bunker. Ma soeur se leva et me tira, pressée de retrouver nos parents. En voyant que je ne bougeais pas, elle se
précipita dehors en criant le nom de ceux qu'elle aimait.
J'admirais son courage tandis que moi je n'osais bouger. La crainte de ce qui m'attendait dehors était plus forte que l'espoir de voir les miens encore debout.
Je finis par sortir de ma torpeur en entendant ma soeur crier après moi. Mais contrairement à elle, je traînais le pas, sachant d'avance ce qui m’attendait.
Mais en posant mon regard dehors, je réalisais alors combien j'étais en dessous de la vérité. Combien la réalité était plus mordante que ce que j'escomptais. Me voilà à genoux, contemplant les vestiges
de ce qui était alors ma patrie.
Je sentis une partie de moi balayée, brûlée au même titre que le désastre qui s'étendait devant moi. Il ne restait rien, plus rien, à part des débris et les traces de la barbarie de ces êtres sans coeur.
Et malgré la douleur, malgré l'envie de crier, je refrénais toute envie de détourner le regard.
Il fallait que ces sentiments restent en moi, qu'ils ne s'effacent pas. Je devais m'imprégner de la confusion, l'horreur, le désespoir et la colère que ce spectacle m'inspirait. Je devais les couver au fond de mon être afin de me préparer à ce qui allait suivre.
Et tandis que mon âme se remplissait de tous ces ressentiments, j'entendis un bruit sur ma droite. Je vis alors un être humain en pleurs tenant une caméra. Il nous filmait tandis qu'il nous expliquait ce qu'il faisait là. Il ne voulait pas que ce génocide reste caché au monde, il voulait dénoncer ces faits et ouvrir les yeux aux humains. Nous l'écoutions tandis qu'il nous demandait de dire ce que nous
ressentions.
Je me redressai alors et jurai haut et fort une promesse de vengeance qui fut reprise par mes compagnons encore vivants.
Nous nous regardions tous avec la même lueur dans les yeux. Et je sus alors que cette lueur n'était pas prête de s'éteindre et qu'elle ne ferait que grandir jusqu'à ce que notre désir de vengeance se réalise.
Ce gouvernement ne savait pas encore ce qu'il avait créé, mais très vite, il comprendra que peu importe la puissance qu'il peut déployer. Rien ne peut rivaliser avec des Healers en colère.
et tu as eu combien ? Qui à eu l'écrit "gagnant " ? tu n'as rien gagné ? :(
RépondreSupprimervu :) et lu :) caaaalin
RépondreSupprimerps: continu dans ta lancer
J'ai cru que c'était des plantes au départ quand tu parles de "peau verte" et de capacité à absorber la pollution. Pour moi, ça aurait été plus intéressant que de partir en "fantasy" pour que la chute ait plus d'impact.
RépondreSupprimerEnfin c'est juste une question de goût et je n'ai que ça à "reprocher". Pour le reste c'est bien, les tournures de phrases sont super belles :o)
Sarah